auteur@lucienne magalie pons : ( mis en page d'après les confidences d'Antoinette Aubray prénom et nom d'emprunt, l'identité véritable ne figure pas dans ce récit)
L’auteur vous prévient que vous pouvez croire on ne pas croire à cette nouvelle, que vous pouvez penser que c’est une histoire authentique, ou que c’est un rêve, en tout cas elle a écrit cette histoire d’après ce que lui a confié une dame Antoinette (prénom d'emprunt), qu'elle a rencontrée récemment pendant l’été à Sanary.
L’Histoire d’Antoinette :
Tout le monde rêve de gagner à l’euro millions, mais Antoinette Aubray a eu la chance d’être la seule gagnante au premier rang.
Toutefois, d’après ce qu’elle en dit, il a fallu un concours de circonstances exceptionnelles et indépendantes de sa volonté pour qu’elle décroche le gros lot, c’est ce que vous allez découvrir en prenant connaissance des évènements qui se sont déroulés le jour ou Antoinette a décroché le gros lot.
Antoinette se trouvait ce jour là à Paris Gare de Lyon Salle Méditerranée, en période d’été, dans cette salle les jours de grands départs flotte un air de vacance, dans lequel s’entrecroisent les voyageurs , femmes et jeunes filles en robes légères imprimées de toutes couleurs , en tee shirts, en dos nus, en jeans ou en bermudas, les hommes en short et chemises légères largement ouvertes sur des jeans ou des pantalons courts , et les enfants de même comme leurs parents.
Conduite par des voyageurs pressés une véritable armée de valises à roulettes circule en tous sens dans les espaces, contournant des groupes de voyageurs immobiles les yeux rivés sur les écrans de départ.
Bien entendu des jeunes filles et des jeunes gens avec des sacs à dos gonflés à bloc sur leur dos , en groupe de vacances , font un peu bande à part, en échangeant des plaisanteries entre eux, assis sur le sol les jambes en tailleur, et par ailleurs on aperçoit aussi un peu en retrait des amoureux plongés dans leur monde à eux, des amoureux enlacés échanger des caresses et des baisers sans se soucier du monde qui les entoure.
Il fait chaud, mais les enfants même les petits bouts de choux de 18 mois tiraillent leurs parents vers les stands de boissons, sandwichs et gâteaux et les relais de librairies, c’est le moment où jamais pour eux de réclamer des bonbons, des gâteaux, des boissons des livres et des jeux, pas moyen d’y échapper, ces petits tyrans savent très bien s’y prendre, les uns par des câlineries et des regards suppliants, les autres en poussant des cris perçants.
Les personnes âgées ne peuvent cacher leur désapprobation, de leurs temps les enfants étaient parait-ils plus sages, moins exigeants et certaines ne peuvent s’empêcher de faire à voix basse, mais tout de même assez audible, quelques réflexions, du genre aigre-doux., « ils ne savent plus éduquer leurs enfants »
Finalement les parents cèdent pour avoir la paix et achètent selon les désirs des petits à toute vitesse sans trop choisir, les yeux rivés sur leur montre pour ne pas risquer de rater le train.
Certains autres bambins s’échappent de leur surveillance, parfois même au dernier moment et alors là c’est la panique en gare …., Léa, Julien, Bertrand … appellent à grands cris les parents désespérés, et subitement les petits explorateurs surgissent de derrière un pilier.
D'autres bambins se suspendent au téléphone et miment des conversations, d’autres poursuivent des pigeons, d’autres poussent des chariots SNCF abandonnés par des voyageurs, en s’imaginent conduire des locomotives, bref ils font de tout un jeu en usant des équipements de la gare sans se soucier de la foule, et de l’agitation ambiante.
Tout le monde s’entrecroise, se bouscule, se tamponne en se jetant des regards courroucés, à l’exception des voyageurs figés qui semblent des statues de cire ou des robots hypnotisés les yeux fixés sur les écrans horaires, pendant des minutes interminables, avant de s’élancer en file désordonnée pour rejoindre par les escalators ou les escaliers la voie enfin indiquée, aux toutes dernières minutes bien souvent.
Mais Antoinette Aubray ne participe pas à toute cette agitation, elle a pour habitude quand elle part en voyage, d’arriver à la gare une heure à l’avance, et d’attendre là sagement assise sur un banc un peu en retrait, entourée de ses valises et des paquets cadeaux qu’elle destine à ses petits-enfants, et tout voyage est pour elle comme le départ d’ une grande aventure qu’elle entend vivre en toute sérénité.
Et justement elle se trouve ce jour en partance pour Sanary, où elle dispose d’un studio dans les dépendances d’une grande propriété qui appartient à son fils et sa belle-fille.
Tous les ans elle se fait une joie d’aller les rejoindre surtout pour revoir ses petits enfants Sylvette et Guillaume avec lesquels elle fait tous les ans de longues promenades au bord de la mer et des excursions mémorables en car dans les environs, mais au fond d’elle même elle sait bien, sans l’avoir jamais dit à personne, qu’elle ne se dérangerait pas pour voir son fils et sa belle fille, ce qui la pousse vraiment à partir c’est de retrouver ses petits enfants
En effet son fils et sa belle-fille vivent selon la mode actuelle, très peu soucieux de lui faire plaisir, quand elle arrive après les embrassades d’usage, ils l’ abandonne dans le studio, puis se retirent très vite sans plus se préoccuper d’elle, sous le faux prétexte de la laisser profiter librement de son temps.
Mais il en est tout autrement des petits, elle sait qu’ils l’attendent avec impatience et qu’ils ne la lâcheront pas d’un cran, comme se plait à l’écrire dans ses lettres le petit Guillaume « Grand-maman chérie, arrive, arrive vite, Sylvette et moi on t’attend avec impatience pour les grandes vacances et on « ne te lâchera pas d’un cran », c’est promis… nous viendrons te chercher à la gare , d’autant que nous venons de recevoir des planches à roulettes et qu’on pourra t’apprendre à en faire sur l’avenue au bord de la mer » …
Madame Aubray sur son banc dans la gare en rêvait et en souriait à l’avance, faire de la planche à roulettes elle ne s’y risquerait certainement pas …ce n’était pas le moment de chuter et de casser un bras ou une jambe… mais pour les occuper agréablement elle avait déjà toutes sortes d’idées dont elle se délectait déjà en imagination, visite d’expositions artisanales, visite des marchés, des églises et des monuments , des musées, il faut leur faire découvrir les environs se disait-elle, et aussi les emmener visiter des villages sur la côte, par exemple Bandol, Saint-Tropez, Sainte-Maxime , plus Fréjus, Saint Raphaël, etc… et encore les emmener en visite chez leurs cousins, bref un programme passionnant se dessinait à l’horizon , sans compter certains après midi qu’elle consacrerait à confectionner leurs pâtisseries préférées.
Quand au fils et à la belle-fille elle s’en passerait « sans en faire une jaunisse », sauf à les inviter une ou deux fois par semaine en soirée avant le repas, dans le jardin devant le studio, pour leur offrir l’anisette et la kémia et des petits pâtés dorés croustillants à la « soubressade » piquante !
Vous l’avez deviné Antoinette Aubray était née de l’autre côté de la méditerranée et elle avait gardé quelques habitudes de là-bas, qu’elle se plaisait à ressortir parfois de temps en temps, avec l’idée secrète de régaler son fils et d’embêter sa belle-fille Nina, une « métropolitaine » niçoise d’origine italienne , qui n’appréciait pas les spécialités « pied-noir » surtout pour contrarier sa belle-mère dont elle jalousait les talents de cuisinière experte en tout genre d’entrées, de plats gourmets, de dessert et pâtisseries, sans compter les confitures dont elle avait le secret.
Il faut reconnaître qu’à part les pizzas et les spaghettis Nina était abonnée aux plats congelés et Antoinette se félicitait de ne pas partager leur repas, elle préférait cuisiner dans son studio, en invitant très souvent ses petits enfants qui eux se « léchait les babines », « Grand-maman … Grand-maman , c’est délicieux je m’en lèche les babines », s’exclamaient souvent Sylvette et Guillaume, en dégustant selon le jour des fruits de mer, des paellas, des crevettes sautées à l’ail, des fritures de poissons, des tomates, des poivrons des aubergines farcis, des côtelettes d’agneau grillées, de la « tchouchouka » (genre de ratatouille….) des cocas, des pizzas, des merguez, des saucisses, des boudins grillés, des tomates à la provençale, des poivrons et des aubergines grillées, des beignets de courgette, et des desserts faits maison, crèmes, tarte, diverses pâtisseries dont la fameuse « mouna » (brioche à la fleur d’oranger), glaces et fruits de saisons etc…
Pendant une heure, en attendant son train, Antoinette avait le temps d’établir ses plans et de réviser tous ses projets de vacances, mais aussi par moment elle passait mentalement en revue ce qu’elle avait rangé dans ses valises, « j’espère que je n’ai pas oublié mes sandales plates, avec les enfants je vais devoir trotter, bon si je les ai oubliées ce n’est pas grave, j’achèterait des espadrilles sur le marché, c’est moins cher, et c’est tout à fait à la mode… ». Puis elle revenait à d’autres préoccupations et un désir qui la taraudait souvent refaisait surface en sa pensée, plutôt un rêve qu’un désir du reste, Antoinette rêvait de gagner à l’Euros Millions.
Elle rêvait souvent de gagner des millions d’Euros et savait déjà en imagination ce qu’elle devrait en faire. Son rêve, son grand rêve était de pouvoir acheter une grande villa à Sanary.
Deux mois d’hiver à Paris pour m’occuper de moi , d’acheter des toilettes, de recevoir mes amis, aller à l’Opéra, au théâtre, huit mois à Sanary pour gâter les petits et profiter avec eux de la mer et du soleil, et deux mois pour parcourir le monde en croisière, plus de soucis d’économie, la belle vie, et des dons aussi pour des personnes en difficultés étaient dans ses projets.
Antoinette soudain consulta sa montre, encore plus d’une demie heure à attendre, elle pensa qu’elle avait le temps de sortir de la gare pour acheter un ticket pour l’Euros millions, elle habitait le quartier et connaissait le jeune homme qui tenait boulevard Diderot le kiosque de jeux où elle jouait habituellement tous les vendredis matins, en faisant ses courses, un jeu d’Euros millions, 5 chiffres 2 étoiles une seule grille, un joker plus, soit 3 euros en tout , qui pouvaient rapporter gros d’après la pub.
Et justement ce matin préoccupée par son départ elle avait oublié de jouer. A zut se dit-elle il faut que j’y aille tout de suite, après il sera trop tard, et qui sait …. C’est justement quand on oublie de jouer qu’on risque de gagner. Elle achetait toujours dans ce même espoir de gagner pour réaliser ses projets, mais de semaine en semaine elle ne gagnait que de toutes petites sommes de temps en temps et loin de se décourager elle persistait « Qui ne tente rien n’a rien » se disait-elle.
Bon j’y vais se décida-t-elle, j’ai tout juste le temps, elle se leva du banc rajusta sur elle sa jolie robe, passa sa main pour lisser ses jolis cheveux blonds ondulés, pris son sac à main et oublia carrément ses valises au pied du banc.
En quelques cinq minutes à peine, elle monta un étage avec l’escalator, se retrouva dans l’allée Estérel qu’elle parcouru soudain légère comme un oiseau, se retrouva à l’extérieur sur le parvis de la Gare qu’elle traversa très vite sous un ciel radieux, emportée par son élan, encore quelques marches à descendre, le boulevard Diderot à traverser et hop elle stoppa devant le Kiosque.
Jean Baptiste était là derrière un petit comptoir dans son kiosque et miracle il n’y avait aucun client devant elle.
Jean Baptiste était un grand jeune homme brun à cheveux mi longs un peu ondulés, avec de beaux yeux noir aux lueurs joyeuses, il souriait toujours aimablement et connaissait ses clients.
Bonjour, Bonjour, Monsieur, s’exclama Antoinette , imaginez vous que je pars en vacances à Sanary, retrouver mes petits enfants , j’ai oublié ce matin d’acheter mon jeu d’ Euro Millions, je prends mon train dans un moment, soyez aimable de m’en faire un automatiquement avec votre ordinateur, ça ira plus vite, (toutes les machines électroniques étaient des ordinateurs pour Antoinette ), je n’ai pas le temps de faire moi-même mes numéros, …
Jean Baptiste leva un sourcil interrogateur, comme d’habitude, une grille, 5 numéros, 2 Etoiles et un Joker p… ? dit-il, connaissant le choix de sa cliente qui se répétait tous les vendredis.
Oui, oui c’est bien cela, oui, Ah merci Monsieur, vous avez bonne mémoire. Merci
Pas de souci répliqua Jean Baptiste qui actionna avec empressement quelques touches pour ressortir un petit ticket, voici Madame, … j’espère que vous passerez de bonnes vacances !
Elle fouilla très vite dans son porte monnaie, trouva les 3 euros, les déposa sur la tablette, prit son billet, tout en lui demandant : Comment allez vous … bien j’espère …? … je suis impardonnable j’allais oublier de vous demander de vos nouvelles, ah .., mais je suis très pressée, mais nous bavarderons un peu comme d’habitude lorsque je reviendrai fin Août, mais maintenant dois prendre le train, au revoir, passez une bonne soirée, au revoir, merci, merci
Au revoir Madame, merci et surtout je vous souhaite de bonnes vacances.
Lancée à la vitesse grand « V », Antoinette se retrouva dix minutes après dans la Gare, devant son banc, dans la Salle Méditerranée (devenue depuis le hall 3 à la suite des travaux) et soudain elle pensa à ses valises, et là surprise, surprise ….., les valises avaient disparues !
A zut de Zut je dois me tromper de banc, pensa-t-elle en un éclair d’incertitude, puis immédiatement elle revint à l’évidence, c’était bien son banc et ses valises n’étaient plus là !
Heureusement j’ai mon sac à main, pensa-t-elle immédiatement, et mes papiers d’identité sont dedans avec ma carte bleue et mon billet de train,, puis elle jeta un regard alentour et se dirigea vers l’allée centrale longue d’environ 800 mètres qui traversait la salle depuis le coté rue de Bercy jusqu’à la Place Henry Frenay, dans l’espoir d’apercevoir un Agent de sécurité.
Justement elle en aperçu deux à quelques 3 mètres du stand de la Brioche dorée , deux grands colosses au teint d’ébène, adossés à un pilier, qui tout animé en discutant entre eux souriaient en montrant des dents d’une blancheur magnifiques ( « plus blanc que blanc » comme pourrait le dire une publicité de dentifrice ) , ce qui ne les empêchaient pas de surveiller d’un œil avisé, sans avoir l’air, ce qui se passait dans la salle, les allées et venues des voyageurs, en arrivée ou en partance, et aussi les mouvements de certains mendiants habitués des lieux, qui étaient là dans l’espoir de recevoir quelques pièces, ou encore des rôdeurs qui espéraient trouver fortune ou dérober des valises, ou des bagages
Antoinette prestement arriva à leur hauteur des deux agents de sécurité.
Messieurs, Messieurs, bonjour, je ne retrouve plus mes valises, je ne sais pas ce qui s’est passé, elles étaient près du banc, là…là… derrière le bureau de change, devant ce banc , j’ai fait une petite course, je suis revenue, elles n’y étaient plus et je dois prendre mon train à 16 h 49, presque tout de suite, que puis-je faire ?
Bonjour Madame, répondit calmement César l’un des Agents de sécurité, sans trop s’émouvoir, rodé par les incidents de gare, il se peut que vos valises aient été emportées par une personne ou qu’un un agent Sncf les aient ramassées et déposées au dépôt, vous pouvez téléphoner au bureau des objets trouvés de la Gare pour savoir si elles ont été trouvées, mais comme nous sommes vendredi, ne téléphonez pas avant Lundi à cause du week- end, et peut-être mieux Mardi ou Mercredi prochain.
Comment ? … Comment ? ….téléphoner Lundi ou Mardi, s’affola Antoinette ? Pourquoi si tard dans 2 ou trois jours, ce n’est pas possible, où se trouve votre Bureau des Objets trouvés ? Je n’ai qu’un quart d’heure avant mon départ à 17 heures 49 minutes, et je ne peux y aller même en me pressant sans rater mon train ….
Et puis, le Bureau des objets trouvé est du côté Bercy, expliqua Martin l’autre Agent de sécurité qui s’était employé à surveiller la salle pendant que César avait répondu en premier, mais à cette heure il est fermé.
Et puis, renchérit César, les valises et les bagages trouvés ne sont pas déposés directement au Bureau des Objets trouvés, ils sont portés dans un dépôt ou des agents SNCF en dressent la liste et essaient de les identifier, avant de les faire parvenir au Bureau des objets trouvés , et comme il y en a des centaines, parfois ça peut durer 3 ou 4 jours, surtout quand il y a un weekend entre-temps.
C’est à ce moment précis qu’Antoinette pour comble de malheurs, se souvint tout à coup qu’elle avait rangé son titre de transport non pas dans son sac à main comme elle l’avait pensé, , mais dans la pochette extérieure d’une de ses valises disparues !
Ah mon dieu s’exclama-t-elle, je suis perdue, je ne pourrai pas partir, mon billet est dans une de mes valises, n’y a-t-il vraiment rien à faire ?
Non Madame, nous sommes désolés répondit César, bissé par Martin., pour le moment il n’y a rien à faire, mais si vous voulez racheter un billet, il y a des guichets soit ici à ce niveau là, tout de suite un peu au fond derrière nous à droite, derrière la boutique « La Brioche Dorée », soit en haut de l’escalator dans l’espace « Esterel », mais là c’est très compliqué parce que l’accès à l’espace est fermé en haut de l’Escalator à cause des travaux et qu’il vous faudrait faire un long détour par l’extérieur, le plus simple, c’est ici à ce niveau , aux guichets derrière « La Brioche Dorée », ou encore dans un distributeur automatique.
Antoinette se dirigea très vite vers les guichets derrière la boutique la « Brioche Dorée » ,un parfum de croissant et de brioche frotta un instant autour d’elle comme un appel tentateur qu’elle traversa sans faiblir , mais une file d’attente importante la précédait , de même devant les distributeurs automatiques, et elle réalisa avec regret qu’il serait trop long d’attendre, au moment même d’ailleurs elle entendit une annonce SNCF « Mesdames, Messieurs, votre attention s’il vous plait, tous les TGV à destination du Sud-est sont complets, nous demandons aux voyageurs … etc… »
Bon c’est raté pour aujourdhui, constatât-elle désespérée, je vais rentrer, téléphoner aux enfants pour leur dire que j’ai retardé mon voyage, ils n’ont pas besoin de savoir pourquoi, je trouverai une explication quelconque, fuite d’eau dans l’appartement par exemple, n’importe quoi, l’essentiel est de trouver une explication plausible et de les prévenir qu’ils ne viennent pas m’attendre à l’arrivée du train à la Gare de Sanary ce soir.
Un peu désemparée par cette mésaventure, elle pensa aussi qu’avec un peu de chance, elle retrouverait ses valises aux objets trouvés au mieux dans 4 jours , mais qu’au pire elle risquait de ne plus les revoir, « on a pu les voler, de toute façon c’est de ma faute, c’est moi qui les ai oubliées au pied du banc, c’est inadmissible, ça ne m’est jamais arrivé d’oublier quelque chose, c’est inadmissible …. inadmissible » se répétait-elle.
Je n’ai plus qu’une chose à faire c’est de rentrer chez moi et de me reposer, demain je mettrai mes idées en ordre et j’aviserai.
Emportée dans un élan de contrariété qui décuplait son énergie, elle traversa très rapidement le parvis de la Gare, déboucha dans le Boulevard Diderot, bifurqua vers la rue de Lyon et en moins de huit minutes elle se retrouva devant son immeuble avenue Daumesnil, essoufflée, les joues en feu et le cœur battant.
Ah mon Dieu, se dit-elle il faut que je me calme, c’est rageant certes, mais ce n’est pas la fin du monde.
Toujours dans son tourment, tandis qu’elle appuyait sur les numéros du code d’entrée, elle sursauta machinalement en entendant la voix d’un jeune voisin qui venait d’arriver et se trouvait un peu en retrait à sa gauche.
- Madame Aubray, quelle surprise, je vous croyais partie en vacances et justement je m’apprêtais à aller arroser vos plantes comme vous me l’aviez demandé..
Subitement elle revint à la réalité et retrouva son calme et un fin sourire de circonstance.
- Ah, si vous saviez comme je suis étourdie, expliqua-t-elle avec un brin d’humour, mes valises se sont fait la malle dans la salle Méditerranée !
- Comment ? Que dites-vous ? Toutes seules comme des grandes ?, fit mine de s’étonner Sylvestre en riant, où bien se sont-elles fait « emballer » ?
« Envolées » c’est le cas de le dire, ou plus exactement « emballées » comme vous dites, bref le temps d’aller faire une petite course, et pouf ….., en revenant je n’ai les ai pas retrouvées ! …
Comment, vous les aviez laissées sans surveillance ? Ça c’est vraiment tenter le diable surtout dans une salle de Gare ! s’exclama Sylvestre …
Oh non Sylvestre, je n’ai voulu tenter personne, simplement je les avais oubliées en quittant ma place avoua-t-elle, et personne n’a pu me renseigner, personne n’avait rien vu, ni les voyageurs alentour, ni la Sécurité, et qui plus est ma place de train était rangée dans mes valises …
Ah ça alors c’est la « cata » … épilogua Sylvestre a bout d’arguments.
Oui « la cata de chez cata », mais heureusement j’ai mon sac à main, mes clefs, mon porte monnaie, ma carte bleue, mes pièces d’identité, …, je ne suis pas tout à fait perdue, bon bref je vais rentrer me reposer un peu et je redescendrai peut-être dans un moment faire des courses, mon frigidaire est vide naturellement.
Bon, dit Sylvestre, je vois que le moral reprend le dessus c’est vraiment l’essentiel ! Si vous avez besoin de moi pour aller faire vos courses appelez-moi ...
Merci, … Merci Sylvestre, …, je pense que ça ira …
Il l’aida à ouvrir la porte de l’immeuble, l’ascenseur était à droite dans le hall, au premier étage Sylvestre descendit le premier et la salua gentiment :
Au revoir Madame Aubray et surtout n’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin de moi.
Merci Sylvestre, Merci, je n’y manquerai pas, si besoin est …., eut le temps de répondre Antoinette, et quelques secondes après elle se retrouva sur son palier au quatrième étage.
Elle ouvrit la porte de son appartement, tout était trop bien rangé, et les pièces lui parurent impersonnelles.
Ah ! quelle histoire se dit-elle, elle posa son sac à main sur un fauteuil dans le salon , puis elle déplaça quelques petits objets, pour rendre le décor plus conforme à son petit désordre familier..
Comme il faisait assez chaud, elle alla se servir un verre d’eau, et enfin se dirigea vers sa salle de bains pour prendre une douche
Après cela revigorée, tout en chantonnant, elle choisit dans sa garde robe une robe longue d’intérieur, en tissu léger à fleurettes bleues et roses, qu’elle passa promptement en décidant qu’elle ne ferait rien d’autre ce soir que de dîner rapidement et de profiter ensuite d’un bon sommeil, avec l’idée de se réveiller très tôt le lendemain pour enfin organiser son nouveau départ.
Mais en traversant le salon, elle aperçut son sac à main et se souvint tout à coup qu’elle avait acheté un ticket de loto dont le tirage devait se faire le soir même et qu’il serait retransmis sur les écrans de télévision.
Que faire en attendant ? elle décida d’aller dans la cuisine pour se préparer un thé , en ouvrant machinalement la porte du réfrigérateur elle découvrit une tarte au citron meringuée qu’elle avait oubliée là la veille, et elle se dit chouette alors !, je vais faire une petite dînette, du thé, une tarte au citron, le hasard fait bien les choses, elle prépara le thé tout en arrangeant son plateau et cinq minutes après ravie elle s’installa devant la télévision.
Finalement l’heure du tirage arriva, Antoinette qui avaient tout prévue ouvrit le petit carnet et nota un à un les numéros et les deux étoiles, dans ces moments là elle ne se laissait pas aller à l’émotion, elle avait le souci de noter exactement tous les nombres sans risquer de se tromper, ensuite posément elle compara notés et les numéros de son jeux , il lui fallut deux minutes pour vérifier et revérifier un à un les nombres , c’était incroyable mais vrai, par deux fois elle constata qu’ils étaient exactement les mêmes, et qu’elle avait gagné le gros lot.
N’est-ce pas merveilleux ! …cette histoire ?
Ainsi tous ses projets purent se réaliser très vite, mais pour que la chance soit au rendez-vous il avait fallu un concours de circonstances exceptionnelles et indépendantes de sa volonté, perdre ses valises, rater son train et acheter son jeux d’euro millions à une heure inhabituelle pour elle et encore sans choisir elle-même ses numéros.
L’auteur de cette nouvelle ne sait vraiment pas si Antoinette a vraiment vécu cette aventure où si tout simplement elle l’a rêvée, mais c’est ce que Antoinette lui a confiée cet été à Sanary sur la plage,, et en tout cas, rêves ou réalités peu importe, la vie bien souvent se meublent de rêves qui un jour ou l’autre avec de la chance deviennent réalité.